Environnement

Comment Airbus et Safran testent les avions 100% biocarburants

Airbus et Safran mènent des compagnes de tests visant à rendre les carburants d’aviation durables (CAD ou SAF en anglais) 100% compatibles avec les appareils existants. Safran à Villaroche, en Seine-et-Marne, ausculte des moteurs via 10 bancs d’essais hébergés des bâtiments, et depuis peu il teste les CAD. Ces carburants de nouvelle génération constituent le principal levier d’action pour réduire l’empreinte carbone du secteur, représentant environ 3% des émissions mondiales de CO2. La certification, assurée par l’organisme américain ASTM, ne permet aujourd’hui qu’un taux d’incorporation de 50% de kérosène et de 50% de CAD. D’où les travaux de l’industrie aéronautique pour pousser ce taux au maximum, quand bien même le manque de ressources représente en amont un frein à leur déploiement. « Les constructeurs et les motoristes travaillent de concert pour pouvoir incorporer 100% de CAD dans les moteurs entre 2024 et 2025, souligne Jean-François Locufier, directeur des essais au sol et en vol à la direction technique chez Safran. C’est TotalEnergies qui achemine le CAD dit HEFA, la filière valorisant les huiles usagées par hydrogénation. « En 2022, le taux d’incorporation était en moyenne de 10% », chiffre Christophe Baudoin, responsable des carburants alternatifs à la direction technique. En 2023, il sera de 20% et de 35% en 2025. « De 2022 à 2023, cela se traduira par une augmentation de 1 à 3 millions de litres de CAD ». Les essais en vol menés par Airbus sont aussi au cœur de l’enjeu. « Nous avons volé avec 100% de CAD mais aussi avec un mix 84% CAD / 16% aromatiques et 92% CAD / 8% aromatiques », explique Emiliano Requena Esteban, ingénieur navigant d’essai chez Airbus, responsable des essais en vol CAD. Ces 3 dernières années, Airbus a mené au total 3 campagnes d’essais en vol pour évaluer les CAD, impliquant, Safran, Rolls-Royce et Dassault Aviation. Pour les essais d’émissions, un Falcon « renifleur » du DLR, le centre de recherche allemand en aéronautique, est mis à contribution : il enregistre la nature et les quantités d’émissions que l’avion génère, avec du kérosène ou du CAD.