Espace

Comment Ariane 6 pourra faire face à la concurrence des lanceurs réutilisables

Alors qu’Ariane 6 a réussi son vol inaugural et dispose maintenant d’un carnet de commandes bien rempli, avec une trentaine de lancements, soit plus de 3 ans de plan de charge au rythme prévu d’une dizaine de tirs par an, la question de la succession du lanceur lourd risque de se poser plus tôt que prévu pour l’Europe spatiale. Le magazine Challenges s’intéresse au possible développement d’un lanceur lourd réutilisable européen. La concurrence risque en effet de s’étoffer dans les prochaines années pour Ariane 6, en comptant le Starship de SpaceX, le lanceur Vulcan de ULA, qui a réussi son 1er lancement en janvier, et le New Glenn de Blue Origin, qui doit voler à l’automne 2024. 3 solutions semblent possibles pour répondre à cette concurrence. La 1ère est une amélioration a minima d’Ariane 6, pour essayer de la rendre plus compétitive. Déjà en cours, l’Ariane 6 dite Block 2, ou Evolution, qui doit voler fin 2025, aura des boosters plus puissants et un moteur Vinci à poussée accrue. Sa capacité d’emport augmentera de 20% en orbite basse, et de 10% en orbite géostationnaire. La 2ème solution serait une amélioration qui pourrait intégrer un nouvel étage supérieur ultraléger en carbone, Icarus, sur lequel travaille déjà ArianeGroup. Cet étage, aussi appelé « Black upper stage », permettrait de gagner encore 2 tonnes de performance en orbite géostationnaire. ArianeGroup étudie aussi un étage supplémentaire, ou « kick stage », baptisé Astris, dont le supplément de puissance permettrait des missions vers la Lune ou des astéroïdes. Il serait aussi possible de remplacer les boosters latéraux à poudre par des boosters équipés du nouveau moteur à bas coût réutilisable Prometheus. Une 3ème solution serait de travailler dès maintenant sur un futur lanceur lourd compétitif et réutilisable, avec l’objectif d’un 1er vol au début des années 2030. Cette Ariane Next, ou Ariane 7, avait été étudiée par le CNES en 2019, qui évoquait un prix de lancement de 35 M€, quand Ariane 6 est bien au-delà de 100 M€. Pour développer cette nouvelle génération de lanceur, les industriels européens devront maîtriser la réutilisation. La réussite de Maiaspace, filiale d’ArianeGroup, qui vise le 1er vol d’un lanceur moyen équipé de moteurs Prometheus pour fin 2025, est donc essentielle.