La Loi de programmation militaire (LPM) pour la période 2024-2030 est présentée en Conseil des ministres ce mardi 4 avril. L’effort financier symbolise le basculement d’un temps où il s’agissait de « réparer » les armées à celui où il faut envisager l’hypothèse d’une guerre. En moins de 15 ans, le budget des armées aura donc plus que doublé, si la trajectoire est bien respectée. De 32 Md€ en 2017, il devrait atteindre 69 Md€ en 2030. Sur toute la période, la LPM mobilisera 413 Md€ (dont 13 Md€ de recettes extrabudgétaires), contre 295 Md€ pour la précédente loi 2019-2025. L’aggravation des menaces et la dégradation du contexte économique ont rendu l’écriture de la LPM particulièrement complexe. Une rallonge exceptionnelle de 1,5 Md€ a finalement été accordée pour 2023. Mais pour les années suivantes, les augmentations prolongeront seulement la tendance, avec une première « marche » de 3 Md€. En 2024, l’augmentation sera de 3,1 Md€, puis elles seront de 3 Md€ par an jusqu’en 2027, et de 4,3 Md€ en 2028. Pour sanctuariser les ressources, et gagner des marges de manœuvre, le coût de l’aide à l’Ukraine sera sorti des comptes. Mais l’inflation devrait rogner une partie des crédits supplémentaires, pour un coût évalué à 30 Md€. Parmi les principaux engagements de la LPM, 13 Md€ seront consacrés à l’outre-mer, 10 Md€ aux technologies de rupture, comme l’hypervélocité ou le quantique, 6 Md€ au spatial, 5 Md€ à la contre-ingérence et au renseignement, 5 Md€ aux drones, 5 Md€ à la défense surface-air, 4 Md€ au cyber, 2 Md€ aux forces spéciales, etc. « Il n’y aura pas de renoncements », à des programmes, explique le ministère des Armées, mais « il y aura des révisions de cadencement ». Ainsi, le passage au tout-Rafale pour l’armée de l’Air et de l’Espace, à l’origine prévu pour 2030, ne sera effectif qu’en 2035.