Le Jury de déontologie publicitaire (JDP), instance indépendante de régulation de la publicité, avait été saisie, après des publicités de la SNCF affichant sur ses rames de TGV « 50 fois moins de CO2 émis que pour un voyage en voiture et 80 fois moins qu’en avion ». Dans un avis rendu le 5 décembre dernier, les membres du JDP ont donné raison au secteur aérien, reconnaissant comme fondée la plainte de la FNAM, la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers, visant les chiffres chocs imprimés dans un document largement distribué à la presse, susceptible d’induire le public en erreur. La base carbone réalisée par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) et servant de référence pour les comparateurs ne prend effectivement en compte les émissions émises par la construction et l’entretien des rails, des rames et des infrastructures du réseau ferroviaire. Une étude, réalisée en 2018 pour le ministère des Transports, établissait que « pour la construction de 140 km de LGV Rhin-Rhône, c’est près de 1 200 000 tonnes équivalentes de CO2 qui ont été émises, dont la moitié par les matériaux entrants (chaux, ciment, acier, etc.), soit près de 8 000 tonnes équivalentes de CO2 pour la construction d’un kilomètre de LGV ». Les auteurs évaluaient ainsi « le ratio des émissions par passager/kilomètre entre l’avion et le TGV aux alentours de 7-8 fois en défaveur de l’avion », des chiffres nettement moins spectaculaires, issus d’un « bilan carbone ferroviaire global ». L’instance estime donc finalement que le chiffre de « 80 fois moins » n’avait rien à voir avec l’empreinte carbone, contrairement aux affirmations de la SNCF.