A la veille du sommet spatial européen de Séville, qui se déroulera les 6 et 7 novembre, Philippe Baptiste, président du CNES, accorde un entretien aux Echos. « L’Europe mène des programmes exceptionnels », souligne-t-il, « comme Copernicus pour l’observation de la Terre, ou Galileo, qui offre une géolocalisation bien plus précise que le GPS américain. Elle dispose de compétences incroyables et accueille des industriels, comme Thales Alenia Space, Airbus Defence and Space, qui sont des champions internationaux pour les télécoms, l’observation ou certains secteurs de l’exploration ». Il rappelle que l’industrie spatiale « a une très forte empreinte française puisque presque la moitié des forces en la matière sont dans l’Hexagone, où la filière emploie quelque 70 000 personnes hyperqualifiées, chez des industriels et dans les laboratoires de recherche. C’est donc un secteur économique majeur pour notre pays ». Philippe Baptiste relève qu’Ariane 6 « répond techniquement aux besoins du marché, comme le montre son carnet de commandes plein à craquer, avant même le premier vol ». Il estime toutefois que le programme « a souffert d’une gouvernance inadaptée » : avec Ariane 6, on a confié aux industriels un plus grand rôle, mais sans leur donner l’autonomie et les responsabilités nécessaires, constate-t-il. En ce qui concerne le sommet spatial européen de Séville, il espère que « les Européens afficheront une vision partagée, ambitieuse et robuste sur l’orbite basse. Il faut reprendre les vols cargo robotisés dans l’Espace puis développer notre propre capsule de transport humain et s’interroger sur la nécessité ou non d’encourager le développement de stations spatiales privées européennes. L’Europe a tous les moyens techniques pour réaliser une station spatiale européenne », souligne le dirigeant.