Alors que le dernier palmarès des déposants de brevets de l’Institut national de la propriété intellectuelle (INPI) a mis pour la première fois le groupe Safran à la 1ère place, détrônant Stellantis au titre de l’année 2021, Eric Dalbiès, son directeur Stratégie, R&T et Innovation, assure dans un entretien au magazine Le Point, que l’objectif du groupe reste de développer des produits qui rendront les avions de demain 30% moins émetteurs en CO2 que ceux d’aujourd’hui. « La prochaine génération d’avions fera l’objet de décisions de lancement de programmes d’ici à 2026-2027 pour une entrée en service au milieu de la décennie 2030. On a donc encore quatre ans pour accélérer la maturation de la R&T » indique-t-il. Les activités R&T de Safran font partie de celles qui ont été le plus vite reprises. Depuis 2020, Safran y consacre entre 500 et 600 M€ par an, contre 400 à 450 M€ avant la Covid. À cela s’ajoutent environ 200 M€ de subventions publiques venant de l’État français ou de l’Union européenne. Passer les produits développés par Safran au carburant durable, biocarburant ou carburant de synthèse, suppose de conduire des travaux précis, notamment sur la combustion, la lubrification et l’étanchéité des joints. L’effort est d’une ampleur raisonnable puisque les technologies existantes sont déjà proches du niveau technologique requis pour passer à ces nouveaux carburants. « Les moteurs actuels sont d’ailleurs déjà certifiés pour voler avec un mélange de 50% de carburant alternatif et 50% de kérosène. L’extension à 100% est techniquement atteignable en moins de cinq ans. » déclare Eric Dalbiès, puis il précise « avec notre partenaire GE, nous avons lancé un programme de démonstration technologique qui s’appelle RISE (Revolutionary Innovation for Sustainable Engine) et qui préfigure la prochaine génération de moteurs ». Le dirigeant explique que le groupe ne prendra pas de biocarburant si sa production induit de la déforestation ou vient en concurrence avec des surfaces agricoles pour l’alimentation humaine. Pour lui, il faut donc accélérer sur les carburants de synthèse, dont l’élaboration commence par soustraire du CO2 dans l’atmosphère. Voilà pourquoi Safran a pris la tête d’une initiative de la Commission européenne pour les carburants durables pour deux secteurs qui sont difficiles à décarboner : l’aviation et le transport maritime lourd.