Eric Trappier, président de l’UIMM (Union des industries et des métiers de la métallurgie) et PDG de Dassault Aviation, accorde une interview à La Tribune, à l’occasion de sa visite à Bordeaux sur les sites de formation de la Maison de l’industrie. Il aborde les inquiétudes suscitées par la crise énergétique : « La flambée des prix de l’énergie place les entreprises industrielles face à des surcoûts impossibles à surmonter. C’est le sujet numéro un de préoccupation de nos PME partout en France ». En ce qui concerne la supply chain aéronautique, « on a conservé la cellule de vigilance créée pendant le Covid pour vérifier qu’il n’y a pas d’écroulement de la chaîne de sous-traitant. Par ailleurs, le fonds de soutien de près d’1 Md€ mis sur pied pendant la Covid nous permet aussi de pouvoir mobiliser au total 2 Md€ pour soutenir les entreprises qui ont le plus de difficulté ». Mais pour d’autres filières industrielles, « il faut un bouclier tarifaire pour protéger les entreprises sinon il y a un vrai risque de casser la dynamique de réindustrialisation ». Chez Dassault Aviation, « On a sécurisé la chaîne d’approvisionnement, notamment le titane […] nous avons réussi à augmenter la cadence de production des Falcon et à tripler la cadence de fabrication des Rafale. On était en 2020 en capacité de construire un Rafale par mois et nous sommes aujourd’hui à trois par mois. C’est la preuve que nous savons répondre à la demande d’une économie de guerre », se félicite-t-il. « Notre industrie est encore à risque dans la compétition mondiale. Il y a une vraie prise de conscience de l’importance de l’industrie, il faut mesurer cet effort dans la durée. On a de vrais atouts : une bonne main d’œuvre et des savoir-faire anciens et modernisés dans des secteurs qui fonctionnent bien tels que l’aéronautique, l’automobile, l’électronique. On a aussi le meilleur système social du monde mais aussi le plus cher donc il faut pouvoir se le payer en gagnant en compétitivité. Pour cela il faut amplifier le soutien à l’innovation et la baisse de la fiscalité de production », conclut le dirigeant.